Assemblée Générale le 14/04/2024

Compte-rendu AG Les Amis de la Confédération Paysanne sur l’année 2023

14/04/24 au Lerchenberg, à Mulhouse

L’AG compte 48 participants.
Elle est ouverte par un mot de Pierre-Michel, porte-parole de l’association.
Il nous rassemble d’emblée autour du mantra de Hervé Covès, ingénieur agronome et planteur d’arbres : « la vie est belle » !
Puis poursuit par une allocution résumée ci-dessous :
L’agriculture paysanne est un magnifique projet de société, porté par tous les paysans de la Confédération Paysanne et toutes celles et ceux qui s’engagent à leur côté.
C’est une agriculture à taille humaine, qui tend à nourrir les populations proches, plutôt qu’à exporter, selon le schéma de l’agriculture capitaliste qui considère les denrées alimentaires comme du « minerai » négociable en bourse, au risque d’affamer les populations.
Les personnes souffrant de la faim dans le monde sont d’abord des paysannes et des paysans, ruinés par l’OMC, le FMI et l’agro-industrie, qui imposent une politique insoutenable et meurtrière.
En France et en Europe, beaucoup de paysans ne vivent plus de leur métier mais des aides et subventions.
Partout on cherche à limiter le coût de la main d’oeuvre.
Cela mène à des « usines » pour animaux, au gigantisme du machinisme agricole, aux modifications génétiques sans limites, et cela induit bien sûr des problèmes climatiques, sanitaires, et impactent grandement l’humain.
Hervé Covès nous le rappelle, là où l’agriculture a pris naissance, il y a maintenant le désert. Avec le machinisme contemporain, le désert arrive partout et avec lui les incendies, comme en Californie ou en Australie...
Et pourtant nous continuons dans cette impasse, ainsi l’Etat français a refusé de signer l’article sur la réintroduction du castor : la FNSEA n’aime pas les zones humides et les cours d’eau sinueux, ce n’est pas « rentable » !
Cette après-midi Franz Baumann, paysan membre de la Confédération paysanne, nous parlera de l’importance des animaux dans les fermes, lui qui a pratiqué l’élevage en biodynamie dans sa ferme des Pensées Sauvages à Linthal, et transmis sa passion à ses enfants.
Pierre-Michel conclut en faisant appel aux membres pour, si besoin :
• aider quand il faut donner des coups de mains à des paysans,
• nous rejoindre dans nos actions militantes, lors de manifestations ou pour tenir des stands (comme à la Foire de Colmar)
Il insiste également sur les élections européennes du 9 juin, et l’opportunité que nous aurons à ce moment-là de prouver par notre bulletin de vote, notre engagement en faveur d’une agriculture responsable, d’une agriculture paysanne !
Rapport d’activité :
Marie Josée et Françoise le présentent et commentent.

• Sécurité Sociale de l’alimentation,
• Formation suivie d’une rencontre avec des paysans :
Une sur l’agriculture paysanne, animée par Rémi Picot, suivie d’une visite de la ferme de Hélène Faust et Daniel Hoeltzel, qui cultivent des céréales et font du pain, à Hatten
Une autre sur une présentation de la PAC, par Jacques Muller, suivie d’une rencontre avec Marc Tempé, viticulteur retraité à Zellenberg.
• Des appels à manifestations : 
contre l’enfouissement des déchets à Stocamine ( Wittelsheim).
Sainte-Soline : départ en bus et appel à don pour financer le bus.
• Appel contre la dissolution des soulèvements de la Terre
• Appel à répondre à la consultation publique sur le pacte et la loi d’orientation de l’agriculture
• Information sur l’ordonnance verte à Strasbourg
• Participation à la foire éco bio à Colmar
• Salons à la ferme : s’Clause à Buswiller, Ferme des Hutten à Saint-Pierre Bois
et Brézouard à Aubure
• Présentation d’un film à Erstein " Envers et contre tout Eleveuses", suivie d’une rencontre avec Julie, membre de la SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif) de Truttenhausen.
• Aide en direct à un maraîcher et à un berger
• Participation de certains de nos membres à la formation "Prendre la terre aux machines"
• nous cherchons à refaire notre site internet : Jean Galland se propose.

Des participants prennent la parole.

Geneviève parle avec enthousiasme de la présence de drapeaux de la Conf’ lors des manifestations sociales de l’an passé. Elle y voit une convergence syndicale prometteuse.
Michel nous explique en quelques mots le fonctionnement de Solidarité paysanne.
Martine et Marguerite regrettent que lors des dernières manifestations paysannes, la presse donne si peu la parole à la Confédération paysanne.
Martine et Edmond mentionnent deux projets – peut-être liés - dans les Vosges du Nord : géothermie et mines de lithium qui, entre autre, impacterait la ferme d’Hélène Faust.
Cécile, nous parle du « convoi de l’eau » du 18 au 20 mai 2024, de Wittelsheim à Strasbourg. Cette manifestation à vélo a pour but de remettre la problématique de l’eau au cœur du débat des élections européennes en mettant en lumière les particularités alsaciennes : Stocamine, nappe phréatique rhénane, usage transfrontalier de la ressource, pollutions, biodiversité, Ried et zones humides. Elle est organisée par les Soulèvements de la Terre de Mulhouse.
Par ailleurs, conseillère régionale écologique, Cécile nous donne une synthèse complète de leur travail, à elle et Laurent Dreyfus.
Nous la reproduisons ci-dessous dans son intégralité : elle nous donne une approche complète de l’état de la politique régionale sur les questions agricoles :
« - le premier sujet pour l’agriculture, c’est le renouvellement des générations pour combler les nombreux départs à la retraite qui vont arriver ces 10 prochaines années (50% des paysans partiront à la retraite). C’est un enjeu crucial qui permet de faire avancer plusieurs idées, notamment le salaire minimum, la re-répartition des aides de la PAC, la transmission... sachant que ceux qui s’installent aujourd’hui ont plus tendance à faire de la bio.
 Cette information n’a pas empêché la région Grand Est de nommer Philippe Mangin vice-président à la biocéconomie. Ce membre de la FDSEA, ancien président d’InVivo, a fait grincer des dents même chez les Jeunes Agriculteurs lorsque la presse a révélé qu’il avait cédé ses terres (240ha) à une holding luxembourgeoise...
 la région a lancé un grand plan de soutien aux betteraviers (10millions d’euros) pour faire face à des difficultés financières. Mais pour les éleveurs, derrière un titre ronflant "Ambition éleveurs", on assiste surtout au financement des chambres d’agriculture qui proposeront des modules aux éleveurs pour augmenter leur productivité, rien n’arrivera directement dans leurs poches.
 la région refuse de subventionner la labellisation en bio des agriculteurs, alors même qu’elle est reconnue au niveau européen et a des impacts importants sur la santé et les écosystèmes. Par contre, elle subventionne la labellisation HVE et Viticulture durable en Champagne. La France a été épinglée par la commission européenne à cause de son soutien à toute une ribambelle de labels plus ou moins contraignants qui sèment la confusion chez le consommateur.
 la région Grand Est est la seule région de France à ne pas subventionner l’association d’aide à l’installation "Terre de liens", malgré les demandes répétées du groupe Ecologistes.
 petite victoire, lors de la dernière mandature, alors que les écolos n’avaient aucun élu, la région avait décidé d’arrêter les aides au maintien de l’agriculture biologique. Grâce au travail de l’infatigable Laurent Dreyfus, elles sont de retour (voter, ça compte !).
 l’agriculture est de plus en plus perçue comme une source d’énergie avec le développement souhaité de la méthanisation, l’agrivoltaïsme (même si là encore, il faut faire la part des choses), le production de bio-éthanol, etc. Nous sommes extrêmement vigilants sur ces sujets et défendons avant tout une agriculture capable de se financer pour sa production alimentaire, sanitaire, textile ou cosmétique (je pense aux champs de fleurs) que pour sa production d’électricité, de carburant ou de gaz. Le paysan doit avoir le choix !
 la région soutient la plantation de haies mais admet qu’on plante 3 fois moins rapidement qu’on arrache. Parmi les personnes sollicitées pour la plantation, il y a évidemment les naturalistes (LPO, Haies Vives et autres) mais aussi, pour une grande partie, les chasseurs. Je le rappelle, nous ne sommes pas contre la chasse (pour son encadrement, oui !) mais refusons ce mélange des genres avec des fédérations qui ont vu leur trésorerie augmenter de manière considérable depuis que monsieur Macron les a intégré à l’office français de la biodiversité »

Rapport Financier

Voir les comptes ci-joint.
Odile le présente et commente.

Les deux réviseuses aux comptes, Fabienne Kandel et Diane Buchmann attestent que les comptes sont justes et rigoureux.
Elles se présentent à nouveau pour réviser les comptes de l’an prochain.

Rapport moral

Le rapport moral est voté à l’unanimité moins une abstention
Le rapport d’activités est voté à l’unanimité moins deux abstentions
Le rapport financier est voté à l’unanimité moins une abstention

Membres du CA

Sortants : Françoise Biellmann et Jean Stentz,
Se présentent : Claudine Haffele, Myriam Schmitthausler, Geneviève Manka.
Elles rejoignent Pierre-Michel, Marie-José, Odile, Martine, Danielle et Françoise.
L’ensemble du CA est élu à l’unanimité moins une abstention.

Paysan invité : la Ferme des Pensées Sauvages

Franz Baumann nous présente la ferme : 25 vaches et 60 chèvres qui font vivre 7 familles sur les hauteurs de Linthal.
Il se réjouit des liens que nous tissons avec les paysans de la Conf’ et les voudrait encore plus nombreux : d’où sa suggestion de faire notre prochaine AG sur une ferme, nous serions accueillis par le paysan et sa conjointe qui est aussi une personne très importante pour le fonctionnement de la ferme.
L’agriculture paysanne doit être en lien et en respect avec le vivant. Il est indispensable, dans cet esprit, de travailler avec des produits biogènes – et non des poisons à tête de mort, enfermés dans une armoire spéciale, comme c’est le cas sur beaucoup d’exploitations !
La ferme des Pensées sauvages s’étend sur 80 ha, dont les ¾ ne sont pas mécanisables. Ce sont aussi des terres pauvres et sèches exposées au vent et au soleil.
Les obstacles rencontrés doivent être des points forts : ainsi sur la ferme, il n’y a pas de compléments en minéraux donnés aux vaches : c’est la biodiversité des plantes du paysage qui contribue à leur bonne santé. Sur cette ferme de montagne, il y a moins de production, mais la transformation du lait en fromage permet une plus value et garantit les revenus.
Au fur et à mesure qu’il y a plus de monde sur la ferme (les enfants adultes ont souhaité s’y installer) le choix a été fait, non pas d’agrandir, mais de diversifier : fabrication de pain, installation d’un troupeau de chèvres, activité de traiteur avec utilisation des plantes sauvages.
Toutes les personnes qui travaillent sur la ferme touchent un revenu, les mieux payés étant les salariés extérieurs à la famille.
La question du paysage occupe une grande place : petit à petit, ils ont choisi d’aller vers des prés vergers : des arbres fruitiers sont plantés, en particulier pour l’ombre qu’ils procurent. A la ferme des Pensées sauvages, la majorité des terres n’appartiennent pas aux paysans de la ferme, mais sont mis à disposition par des propriétaires privés ou par la commune. Il n’y a pas de bail, et aucune certitude quant à la conservation de ces terres. Néanmoins Franz et tous ceux de la ferme ont fait le choix de vision à long terme, plantent les arbres fruitiers et entretiennent les paysages pour le présent et l’avenir..
Les vaches sont sur les pâturages de mai à octobre, et changent d’endroit régulièrement pour laisser au pâturage 6 semaines avant que des vaches n’y reviennent. Cela permet d’éviter que des parasites n’infectent les vaches.
La ferme des Pensées sauvages a la chance d’avoir aussi à sa disposition des terres dans le piémont. Cela permet de cultiver du blé pour le pain et d’avoir des prés de fauche.
Pour la fertilité des sols, les études récentes confirment que le mieux reste la fumure animale, d’où l’importance des fermes qui font de l’élevage.
Et pourtant c’est dans l’élevage qu’il y a le plus de difficultés pour la reprise des fermes. Cela demande un grand engagement en temps des paysans, et les revenus ne sont pas toujours au rendez-vous.
En réponse à une question qui a été posée à Franz, il nous indique que dans sa ferme il y a une vache pour 4 ha, alors que dans l’élevage industriel cela passe à 2 vaches par ha.
Franz conclut par quelques mots sur la biodynamie : pour lui en biodynamie, il s’agit de favoriser notre ouverture au monde, de se souvenir que nous sommes une partie d’un tout. En biodynamie, il est avant tout question de mettre de l’esprit dans la matière.

Pour conclure l’AG

Pierre-Michel propose un tour de table, pour mettre en avant toutes les propositions pour l’année à venir :
• organiser une nouvelle journée de formation autour de l’agroforesterie, pourquoi pas à la ferme Hoeffel à Walbourg,
• organiser une réunion d’information sur la méthanisation
• comment peut-on vivre sur une petite ferme, sous forme de SCIC ?
• aller sur las marchés, établir une lettre mensuelle pour tous les marchés bio
• prévoir une conférence sur les nouveaux OGM, avec Christian Vélot ?
• travailler nos lieux de conférence : par exemple à Strasbourg : la BNU, le FEC ?

Tri périodique